Voici une nouvelle activité physique qui arrive tout droit des Etas Unis : le « BODY PUMP » : dans une société où la gestion du temps nous agresse, où on n’a plus le temps de poser les valises, où on s’étourdit avec le stress, le bruit, l’hyperactivité, voici une « nouvelle technique » qui justifie un regard quelque peu critique ; rien d’agressif dans cet article, mais je m’autorise à émettre quelques réflexions.
Sur le terrain de la médecine du sport, voici ce que j’observe, tout comme de nombreux confrères qui comme moi s’interrogent….
Il s’agirait donc, pendant une heure, de travailler le renforcement musculaire, l’amincissement, tout en conservant sa masse musculaire ; ceci avec des exercices réalisés en groupe ; le matériel : haltères, poids, step. Sur de nombreux sites vous trouverez des détails techniques sur cette pratique.
Cette technique est proposée comme accessible à tout le monde, sportifs et non sportifs, femmes, hommes ; et le programme, s’il semble personnalisé (adaptation du poids des altères et des poids), impose une musique qui pulse, et une chorégraphie.
Je ne me permets certainement pas de « tout jeter », mais je formule quelques mises en garde, de bon sens, si je garde la casquette de médecin du sport :
Comme tous les entraîneurs et les préparateurs physiques j’ai la conviction qu’une pratique physique doit être personnalisée, surtout quand elle comporte des efforts sollicitant le système cardiovasculaire, les articulations, les tendons, les muscles. De nombreux patients me consultent pour la rédaction d’un certificat médical de non-contrindication à la pratique des activités physiques et sportives proposées par les salles de gym et fitness qui fleurissent dans nos villes ; bien sûr que j’encourage ces patients à faire du sport, mais je les oriente vers des salles où je sais que l’encadrement est personnalisé : chaque patient est différent.
De même que je leur conseille, outre une nutrition équilibrée, la pratique d’activités pour “respirer”: marche, vélo, natation et toutes autres pratiques dès lors qu’elles sont adaptées au patient: âge, état de forme, contre-indications physiologiques ou médicales, etc.
Concernant le « Body-Pump » je m’interroge sur les risques que pourraient représenter cette pratique si elle est mal encadrée : pas de certificat médical spécifique, patient déjà « à bloc » dans son travail qui va « foncer » dans la salle de sport, s’immerger rapidement dans l’ambiance, la musique, la chorégraphie (mais j’émets les mêmes réserves pour la pratique du squash en fin de journée chez un cadre supérieur survolté depuis le matin par son travail) ; il va lui falloir suivre le rythme, surtout ne pas abandonner (le regard des autres) ; dans ce contexte effréné il ne peut être à l’écoute de ses sensations, il est quasi déconnecté de ses sensations ; alors que la finalité pour un sportif c’est d’écouter ses sensations physiques et mentales, de les analyser, puis de s’adapter : je me permets d’avoir cette conception du sport qui d’ailleurs représente la meilleure prévention contre les blessures, tant physiques que psychologiques. A mon sens le sport doit être un instant privilégié à l’écoute de son corps. Alors que dans ce contexte effréné le pratiquant est quasi « déconnecté » de son corps.
Quels sont les risques potentiels ? Un sportif entrainé va fort bien encaisser son heure de pratique, dans un contexte ludique et attrayant : chorégraphie, musique sympa et tonique, et je conçois même qu’une séance hebdomadaire peut apporter un bénéfice psychologique ; mais pour la personne peu ou non sportive, qui en sortant de son travail va rejoindre des ami(e)s le risque de lésions musculaires est réel et dans nos cabinets (d’autres confrères le constatent) on voit arriver des soucis musculaires, assez souvent tendineux, également des problèmes podologiques. Egalement de travail réalisé au dessus du potentiel cardio-vasculaire peut poser problème.
Je me permets donc de mettre en garde les pratiquants peu entraînés, qui en dehors de ces séances ne pratiqueraient pas régulièrement des activités en endurance (marche prolongée, footing, vélo, natation) car la toxicité potentielle de cette activité qui « agite furieusement le corps et les neurones » n’est certainement pas à négliger.
N’hésitez pas à réagir à cet article, sur un « nouveau » sport qui s’intègre dans un débat de société : « toujours plus vite, toujours plus fort » …