La porte est grande ouverte à l’utilisation détournée des corticoïdes .
Jean-Jacques Menuet, médecin du sport, nutritionniste du sport
Alors que certaines pathologies nécessitent sans contestation le recours à une infiltration, combien de cas de détournement de la règlementation peut-on craindre ?
Le vrai problème c’est que la règlementation mondiale n’exige plus un dossier justificatif avant la réalisation d’une infiltration : brutalement, depuis le 1er janvier 2012, la porte est largement ouverte à la manipulation, au détournement de l’éthique médicale et sportive.
L’autre problème est qu’une infiltration, selon la règlementation, est considérée comme un traitement local alors que tous les spécialistes en médecine du sport savent bien que le corticoïde administré passe dans le sang…
La règlementation de l’UCI exige que le coureur observe le repos sportif pendant les 48 heures qui suivent l’infiltration ; d’autres recommandations françaises exigent un arrêt sportif de 8 jours, ou de dix jours. Je pose une question : la date de la réalisation de l’infiltration pourrait-elle être « modifiée » par certains afin de détourner la règlementation ??
« Avantages » pour le sportif malintentionné de bénéficier d’une infiltration avant un objectif : ce type de corticoïde injecté a une action retard qui couvre largement 3-4 semaines … moins de douleurs, diminution des allergies, stimulation du mental ; et pourquoi pas « en remettre un petit coup » pendant les jours ou les semaines de course ?? avec le même produit mais en petites doses, juste pour « entretenir » ….
Autre débat : pour les infiltrations la médecine anglo-saxonne utilise en premier recours une molécule (volontairement je ne la cite pas) qui peut aussi être administrée par une autre voie que l’infiltration (par voie sous cutanée par exemple …) Cette médecine anglo-saxonne estime que la baisse du taux de Cortisol induite par la prise de corticoïdes est uniquement biologique et sans danger pour la santé du sportif ? Les experts anglo-saxons sont-ils plus compétents, les experts français sont-ils plus compétents ? Ne faudrait-il pas un jour régler les horloges ? Un coureur français est suspendu 15 jours pour raison médicale si son taux de cortisol est abaissé, un coureur étranger ne bénéficie pas de surveillance à ce niveau. Je ne prends pas part dans le débat, mais je ne pratique pas la langue de bois, les internautes qui fréquentent mon site le savent bien ; mais je pose le débat, point.
Je me permets une simple proposition qui de plus aurait le mérite de lever la suspicion qui plane sur le sportif mais aussi sur les médecins qui travaillent au contact du haut niveau : l’obligation que l’infiltration soit réalisée par un médecin spécialisé en traumatologie du sport, l’obligation de présenter en cas de contrôle un dossier comprenant une échographie au minimum; et pourquoi pas lister sur le territoire 2-3 spécialistes en traumatologie par département, que tout sportif devrait obligatoirement consulter si une infiltration doit être réalisée ?? C’est ma proposition.
Merci encore aux milliers d’internautes fidèles qui se connectent tous les jours et à très bientôt.
Jean-Jacques Menuet médecin du sport, nutritionniste du sport