La fin de ce Tour de France amène les coureurs vers 3 étapes de haute montagne; en particulier le col de l’Iseran (2764m) jeudi lors de la 19ème étape; de plus la canicule attend nos guerriers … la roche et le bitume vont renvoyer une chaleur proche de la fournaise; je vais donc évoquer les deux “soucis” du dok:
1/ l’altitude 2/ La canicule
L’altitude:
Que se passe-t-il pour le coureur cycliste lorsqu’il est en altitude, avec une exposition qui n’est pas progressive :
1/ Plus l’altitude est élevée plus le volume d’air diminue ; avec comme conséquence moins d’oxygène ; à 2800m la réduction du taux d’oxygène est d’un quart environ (ce n’est pas qu’il y a moins d’oxygène dans l’air, c’est que la pression de l’air étant plus basse l’organisme est moins oxygéné)
Et donc les muscles et le cerveau vont manquer d’oxygène.
L’organisme sait gérer, il réagit immédiatement avec 2 adaptations : la fréquence respiratoire augmente de même que la fréquence cardiaque ; donc le muscle cardiaque et les muscles respiratoires travaillent plus, et donc la dépense énergétique augmente ; l’hyperventilation entraîne une perte d’eau, augmentant le risque de déshydratation déjà élevé avec les fortes températures qui seront observées jeudi.
2/ Environ 15% des gens présentent à partir de 2500m une association de symptômes que l’on regroupe sous le terme de « mal des montagnes » : maux de tête, petits vertiges, fatigue, nausées, essoufflement. Il est donc probable que quelques coureurs présenteront quelques-uns de ces symptômes ; car même s’il s’agit de sportifs de très haut niveau, la sensibilité au mal des montagnes reste une fragilité individuelle et parfois non prévisible. Il existe un facteur génétique qui fait que certains coureurs gèrent mieux les conséquences physiologiques de l’altitude.
3/ Jeudi il va faire très chaud ; dans les ascensions étroites l’air circule moins et surtout la roche chauffe, renvoie la chaleur sur les coureurs ; également la roche, qui est brillante, réfléchit les rayons du soleil ; on ajoute à ça que la température du bitume avoisine les 70° ; tout est là pour que la fournaise soit présente.
4/ Une mention particulière pour l’estomac qui est mis à mal par la chaleur, l’altitude et l’intensité de l’effort ; si bien que pas grand-chose pourra être correctement digéré : le coureur doit boire par petites quantités, et ne consommer que des produits semi-liquides comme des gels, de la compote. Des barres riches en fibres seraient quasi indigestes.
5/Dernière chose : la biomécanique du coup de pédale dans l’ascension des cols est très différente de celle mise en place sur un parcours plat : les muscles postérieurs (ischiojambiers, fessiers, mollets) sont très sollicités, les masseurs auront du boulot après l’étape pour lever les contractures.
Et donc il est à craindre que l’on assiste, sur cette étape de montagne, à des défaillances. Certains coureurs se sont préparés, soit lors de stages d’altitude, soit en bénéficiant d’une hypoxie artificielle (chambre ou tente), ils seront mieux armés pour aller jouer la gagne car leur organisme a mémorisé les mécanismes d’adaptation à l’altitude.
A plus de 2000 m d’altitude le coureur doit BIEN gérer son effort et ne SURTOUT pas se mettre “dans le rouge”, il le paierait cash immédiatement.
Un dernier point concerne le sommeil: sur certaines de ces 3 étapes des équipes seront logées en altitude (par exemple à Tignes); la qualité du sommeil est altérée par l’altitude.