Le rôle du médecin est de soigner ; et pas forcément de connaître « par cœur » la liste des produits interdits aux sportifs… SPORTIFS: ATTENTION
Jean-Jacques Menuet, médecin du sport
Le sportif est tenu responsable de toute substance ou méthode qu’il absorbe, qui lui est administrée ou appliquée. C’est LUI qui sera sanctionné.
Précision: cet article n’a pour objet que les conséquences sportives d’un contrôle anti-dopage positif: j’évoque uniquement la notion de sanction sportive; car bien évidemment tout médecin est responsable de ce qu’il prescrit et “nul n’est censé ignorer la Loi”
Le rôle du médecin est de soigner ; et on constate que peu de médecins connaissent « par cœur » la liste des produits interdits aux sportifs; ce d’autant que certaines fédérations sportives nationales ont leurs spécificités et opposent des règlementations supplémentaires à celles de l’AMA ou des fédérations internationales (par exemple la Fédération Française de Cyclisme) ; seuls les médecins qui prennent en charge des sportifs de haut niveau maîtrisent parfaitement la liste des produits interdits ; il est de la responsabilité du sportif de veiller à respecter la règlementation anti-dopage de sa fédération sportive : par exemple de nombreux médecins généralistes ou encore des spécialistes ORL prescrivent de la Prednisolone (« Soplupred® ») sans intention bien sûr de « doper » leur patient mais pour le soigner (sinusite aigüe par exemple): alors que ce médicament est INTERDIT et laisse des « traces » dans les urines pendant plusieurs jours ce qui peut positiver un contrôle anti-dopage lors d’une compétition ; autre exemple fréquent : le «Ginkor Fort® » ou l’ « Ampécyclal 300® » contiennent de l’Heptaminol qui est une substance interdite ; et ces médicaments sont en vente libres et très fréquemment proposés dans des pathologies usuelles comme l’insuffisance veineuse des membres inférieurs (« jambes lourdes ») ou encore les problèmes d’hémorroïdes : le sportif pourra pleurer, il est seul responsable, il sera sanctionné.
C’est ainsi que je propose « ma » règle des « et un et deux et trois » :
Lorsque je consulte un médecin :
« et 1 » je lui précise que je suis sportif licencié et lui demande de vérifier ma prescription (cas fréquent : l’été mon médecin qui me connait bien peut être en vacances et remplacé par un jeune confrère qui ne maitrise pas la liste des produits interdits) ;
« et 2 » : je propose également au pharmacien de vérifier la prescription ;
« et 3 » : je vérifie sur la boite et la notice que ne figure pas la mention : Sportif : ce médicament contient une substance susceptible de rendre positifs certains tests antidopage.
ET BIEN SUR ATTENTION A L’AUTOMEDICATION : je vérifie (moi-même ou j’appelle mon médecin ou je demande à un pharmacien) qu’un médicament que j’ai chez moi (ou conseillé par un copain, ma grand-mère ou autre !) n’est pas interdit.
LE BON CONSEIL : l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) propose sur son site un moteur de recherche pour vérifier si un médicament est interdit :
https://www.afld.fr/finder/produits-dopants
MAIS ATTENTION : j’ai bien précisé que certaines fédérations sportives vont plus loin que les règlements généralistes : ainsi un coureur cycliste professionnel ne peut pas avoir recours à certains corticoïdes à usage local si ce corticoïde local correspond à une molécule qui existe aussi sous forme de comprimés ou en injectable (deux exemples parmi d’autres : le Nasacort® pour une rhinite ou encore la Diprosone® pour un eczéma)
ENFIN: ATTENTION CAR LES PHARMACIENS SE DOIVENT DE DELIVRER DES GENERIQUES donc attention au “piège” d’un médicament que vous connaissez bien comme étant dopant mais dont le nom vous est inconnu: exemple “Prednisolone” à la place de “Soplupred”
Jean-Jacques Menuet, médecin du sport
je me suis permis d’emprunter sur le net la photo qui illustre mon article; si cette photo est protégée je m’en excuse et je la retirerai immédiatement !